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« Fontaine ardente« , un livre d’artiste collectif édité par la Lucarne des écrivains, décembre 2021

13 séquences de texte illustrée par la dynamique d’un cours d’eau continu, qui en altérant ses formes au fil des strophes, met en relief les couleurs, saveurs, odeurs et autres sensations évoquées. Si l’eau est maîtresse du langage fluide et sans heurt, elle nourrit la peinture de cet entre-deux informel et hors du temps qui donne matière au rêve.

 

 

Fugace et fuyante, l’eau est le point zéro à partir duquel tout prend forme, tout surgit.

 

 

 

 

 

 

 

 Septembre 2021, exposition Paysages et végétations à la galerie associative de Beauvais (60)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Lucarne des écrivains, septembre 2020

 

 

 

 

 

« Quand je peins, je ne sais jamais à l’avance ce que je vais faire. Je ne me demande pas ce que je vais peindre. Je peins d’ailleurs sans savoir ce que je peins, j’essaye d’oublier que je peins. Je me suis même demandée ces derniers temps : Qu’est ce peindre ? Peindre, c’est donner à lire l’invisible, c’est faire remonter à la surface des choses inconnues, et les rendre plus inconnues encore : mystérieuses. Alors, sur une feuille, une toile, un bout de bois… je jette de l’encre, de l’acrylique, du sable, de l’huile, et parfois même de l’acide… Je crée des coulures, des biffures et des taches. A partir de ces matières qui s’attirent ou se détournent, des paysages se forment, des chemins s’entrelacent, des gouffres se creusent, l’horizon se met en place. Ce sont des paysages qui n’existent pas, des paysages qui existent en moi, des territoires inconnus. »

Alexandra Fontaine, 18.09.18, Malakoff

Installation pour cent masques modelés comme des visages

маска – les Cent masques d’Alexandra Fontaine, Artcité (Fontenay-sous-Bois, 94), galerie LabelFriche (Nogent-le-Rotrou, 28), La maison de l’Arbre (Montreuil, 93)

En avril 1986, les premiers liquidateurs de Tchernobyl portaient des masques de la seconde guerre mondiale, totalement inutiles pour se protéger des radiations.
Un raccourci saisissant de l’absence de considération pour des habitants plongés dans une catastrophe écologique sans précédent.
Les cent masques d’Alexandra Fontaine suggèrent cette tragédie renouvelée du peuple ukrainien, celle de guerres, dîtes patriotiques, en 1945 et 1986. Ils témoignent du sacrifice de ces femmes et de ces hommes et nous interrogent sur nos responsabilités.
Dans l’installation de la Maison de l’arbre à Montreuil (93), les masques flottaient dans l’espace – traversés par la lumière – à la fois semblables et totalement différents, en mémoire de tout une communauté villageoise disparue.

Les masques d’Alexandra Fontaine peuvent également être portés, tels les masques de pierre de bois et de feuille, masques de plume, masques de beauté ou mortuaire, masques peints en direct sur la peau avec le noir du maquillage, qui en dissimulant les visages révèlent les histoires oubliées de l’humanité.

En 2016, certains habitants de Tchernobyl sont rentrés vivre dans la zone interdite en dépit du danger. C’est le cadre de l’histoire de Au début et à la fin des temps, la très belle pièce du dramaturge ukrainien Pavlo Arie. On pourrait imaginer sans peine, que les acteurs interprétant les personnages de ce texte, portent les masques d’Alexandra Fontaine.

M.T, 25.05.16, Paris.

Le salon littéraire de Jean-Paul Gavard-Perret

 Le salon littéraire  de Jean-Paul Gavard-Perret : « La peinture d’Alexandra Fontaine provoque un émoi particulier. Elle entretient un pont entre la mémoire et un imaginaire qui prend en charge dans le relief trouble d’étranges paysages-parfois fantômes parfois d’énigmatiques. Leur abstraction donne à l’image une valeur capitale : elle ne dit pas « autrement », elle montre autre chose. »

Jean-Paul Gavard-Perret, 5.12.2013

Résidence « Paysage » à la Commanderie des Templiers, Saint-Quentin-en -Yvelines

Paysage(s), La Commanderie des templiers, Saint-Quentin-en-Yvelines (78)
« Si le paysage constitue un thème de prédilection dans le travail pictural d’Alexandra Fontaine, l’approche qu’elle en a présente une réelle singularité. Il y a tout d’abord, cette absence de perspective, ce fond presque opaque qui occulte toute profondeur de champ, comme si la peinture refusait l’horizon, réduisait volontairement l’étendue du paysage, fermait l’espace. Un paysage manquant aussi de luminosité, avare de couleurs vives, de bleu du ciel…On y reconnaît quelques arbres, dessinés en traits sommaires. Parfois, l’écriture investit le tableau.
Il y a l’influence de l’art d’extrême orient, un goût pour la calligraphie que l’artiste a travaillé lors d’un séjour prolongé au Japon. On l’aura compris, les paysages d’Alexandra Fontaine sont avant tout intérieurs. Ils reflètent, dans des formes plus proches de l’abstraction que de la figuration, les états émotionnels du sujet qui peint. En cela, ils s’inscrivent dans un imaginaire qui essaie de restituer des visions intérieures. Enigmatiques, fantomatiques, ils puisent autant dans la mémoire que dans l’inconscient de l’artiste. Ils ouvrent l’espace du dedans. On y entre en silence. On les écoute nous parler sans proférer le moindre son. Comme en communion avec eux. »

Alain Helissen, 2014 auteur/poète

 

 

 

 

 

La ligne et l’écriture….Galerie de l’ECAM, Le Kremlin-Bicêtre (94)

Alexandra Fontaine vous invite dans un monde peuplé d’insectes, d’oiseaux, de mots – simplement écrits ou calligraphiés – et de paysages lointains évoquant des moments oubliés. Le fil rouge de ces différents éléments est la ligne : celle qui modèle, dessine, écrit et celle qui donne la direction au regard et invoque des sensations.

A l’instar de Paul Klee et Christian Dotremont qui ont  fait de l’écriture l’un des fondements de leur recherche artistique, Alexandra Fontaine accorde une importance primordiale à la symbiose du dessin et de l’écriture.  C’est donc tout  naturellement qu’elle s’est tournée vers le Japon, terre de calligraphie, où elle a vécu pendant un peu plus de deux ans. L’artiste y a rencontré un maître de sculpture avec lequel elle a un temps travaillé. Pendant cette période, elle a entrepris des excursions en Chine, en Indonésie et aux Philippines. Ces différents séjours lointains constituent une toile de fond à son travail artistique.

Le geste calligraphique renvoie ainsi à la manière dont l’artiste conçoit ses sculptures : la forme qu’elle donne au fil de fer constituant le squelette de l’animal est comme la ligne couchée sur le papier par la plume du poète. Ce même élan créateur est encore plus sensible dans les dessins à la plume et les gravures de l’artiste. Alexandra Fontaine y dépeint des paysages figurant un moment disparu. Pourtant aucune nostalgie ne transparaît de ses œuvres, leur contemplation offre un instant étrangement apaisant, empli de douceur et de sérénité.

Objets magiques…

Gil Rabier décrit avec une grande acuité le travail d’Alexandra Fontaine  :

« Les animaux d’Alexandra Fontaine sont à la fois précis et flous. L’attitude est noble et jamais bestiale. Exacte dans sa ligne, l’espèce est souvent incertaine. Les animaux tendent une aile, déploient une mandibule, soulèvent une patte…   De loin on perçoit comme une menace ancienne. On s’approche malgré tout, et le regard s’apaise, les brindilles s’affinent, les papiers froissés perdent leur limite.  L’animal vibre, aux aguets, immobile, déjà ailleurs.  On découvre alors que les animaux sont composés de traces. Morceaux de papiers calligraphiés, de métal, résille noire pour la mante religieuse, traces humaines et bouts de nature savamment  prélevés  fabriquent  une  étrange  tension.  Autour d’eux, l’espace  s’aplatit, devient  page et accueille des signes calligraphiés par une main étrange, que l’on  voit revenir également dans les encres et les gravures. Le monde animal apporte ici son évidence et son mystère. »

Ces lignes synthétisent à la perfection les œuvres d’Alexandra Fontaine empreintes de mystère, de magie et de vie.

La fragilité des matériaux utilisés : fleurs, mousses, coquillages, papiers, brindilles rappellent en effet la légèreté des insectes et des oiseaux. Imperceptiblement, les ailes, les pattes, le thorax, les abdomens des sculptures semblent bouger au gré des frémissements de l’air, plongeant ainsi le spectateur dans un monde en apparence immobile et pourtant comme magiquement animé.

Emmanuelle Cannavo (médiatrice, centre culturel de Cachan)